Un blog qui porte le nom d’un roman de Paul Auster pour une amoureuse des livres devant l’éternel: Stéphanie considère son site comme un cabinet de curiosités capturant ses meilleures lectures; des classiques, à la littérature contemporaine, en passant par les ouvrages d’art. Très active sur son compte Instagram, elle a fait partie du jury du Grand Prix des Lectrices ELLE en 2019 et participe aux rencontres littéraires, organisées en visioconférence, « Varions les éditions en live », lancé par un autre blogueur, Anthony (@serial_lecteur_nyctalope).

Quand on vous dit « enfance », quel ouvrage vous vient à l’esprit?
Les Mille et Une Nuits, sans hésiter, et dans leur version intégrale traduite par Antoine Galland.
En quoi ce texte vous a-t-il guidée?
Il m’a montré les pouvoirs de l’imagination : depuis une chambre d’enfant, il est possible de partir à l’aventure, de découvrir des territoires jamais foulés et des cultures inconnues, d’imaginer les splendeurs du monde comme les plus grandes misères, de rencontrer l’Humanité en somme…
Parlez-nous d’une citation qui vous plaît particulièrement…
« Schéhérazade s’interrompit en cet endroit et dit à Schahriar : Sire, votre majesté ne s’aperçoit peut-être pas qu’il est jour. Si je continuais de parler, j’abuserais de votre attention. Le sultan se leva, résolu d’entendre, la nuit suivante, la suite de cette merveilleuse histoire. »
L’Histoire de Zobéide

Cette citation dégage toute l’intention du texte : mettre en scène la force du verbe, l’art de la persuasion, le génie d’une femme qui par sa parole se dégage du joug masculin.
Shéhérazade ne reste en vie que par sa capacité à dévoiler lentement à son interlocuteur les trésors de ses histoires. Et c’est tout le pouvoir de la littérature : nous charmer, nous donner toujours l’envie d’entendre des destins incroyables et aventureux.
Envisageriez-vous de vous replonger dans ce livre avec vos yeux d’adulte ?
Oui je l’ai fait déjà, plusieurs fois, et je trouve encore plus fabuleux de l’avoir découvert si jeune.
Pour moi Bagdad c’était avant tout les palais, la magnificence, la culture, le savoir…
Connaître ces villes à notre époque créé forcément un décalage avec cette image merveilleuse d’une société médiévale et orientale, comme tout voyage en littérature vers une époque passée. Mais découvrir le monde par ce prisme est enchanteur, la réalité repend toujours assez vite ses droits. Quand je relis ces contes, l’émotion est intacte.
Si vous deviez recommander ce roman à un enfant d’aujourd’hui, quels aspects mettriez-vous en avant ?
Je lui dirai que les promesses d’aventures seront tenues, que la structure narrative des contes enchâssés dissipera tout ennui, que le grand nombre de pages lui assurera une immersion totale, que la réalité et la magie se mêleront pour lui faire rencontrer des personnages inoubliables… en somme que ce livre contient le monde.
Plus jeune, quel personnage auriez-vous adoré devenir?
Shéhérazade forcément… même si elle encourt la mort chaque nuit, même si son destin ne tient qu’à un fil (narratif), elle montre qu’avec du génie et de la détermination on renverse les pires situations.
C’est assez inspirant quand on est une petite fille timide…
Un livre que vous auriez aimé découvrir plus tôt?
Il en existe tellement !
Mais je crois que chaque livre vient à point à qui sait l’attendre et s’ouvrir au monde qu’il contient. Je n’ai pas de regrets en littérature, seulement des éblouissements quand je découvre qu’il reste tant de choses à lire.
Et la librairie de votre enfance?
J’habitais un tout petit village, sans librairie, mais le café / bureau de tabac vendait les livres de la série Alice. Je crois bien que je les ai tous achetés là avec un immense bonheur à chaque fois.