Les livres ? Une passion qu’elle décline à foison : libraire à la librairie L’écriture (Vaucresson), Anne Burzynski a également investi les planètes YouTube et Instagram avec ses États d’Anne. Pas de quoi assouvir pour autant la soif de lectures de cette jeune femme qui rédige des articles pour la revue Page des libraires et chronique également ses coups de cœur sur Europe 1 dans l’émission « la voix est livre », présentée par Nicolas Carreau.

Quand on vous dit « enfance », quel ouvrage vous vient à l’esprit ?
Je pense à beaucoup de textes différents, c’est difficile de choisir. J’ai eu la chance de grandir au milieu des livres.
J’ai décidé de vous parler de Quatre filles et un jean d’Ann Brashares ( paru chez Gallimard jeunesse ) qui a marqué ma préadolescence et, finalement, ma vie de lectrice en général.
En quoi ce texte vous a-t-il guidée?
Ce type de roman a un côté initiatique. J’étais à un moment un peu charnière de ma vie, plus tellement enfant, pas encore adulte. Je ne dis pas que ce livre donne des leçons mais il propose
des exemples de personnes, de réactions dont on peut s’inspirer.
On admire certains traits de caractères des personnages comme on le fait avec des personnes dans la vie. On essaye, sans se transformer, de s’en rapprocher, de prendre quelques idées ici ou là.
Je trouve que les personnages qui nous ressemblent le moins sont ceux qui nous font le plus grandir. Dans ce livre, il y en a une bonne galerie : on peut s’identifier à ceux qui nous ressemblent et découvrir le fonctionnement de ceux qui ne nous ressemblent pas.

Parlez-nous d’une citation qui vous plaît particulièrement…
« J’ai peur de ne pas avoir assez de temps, pas assez de temps pour comprendre les gens, savoir ce qu’ils sont vraiment, et qu’ils me comprennent aussi.
J’ai peur des jugements hâtifs, de ces erreurs que tout le monde commet. Il faut du temps pour les réparer. J’ai peur de ne voir que des images éparpillées et pas le film en entier. »
Cette tirade me touchait énormément à l’instar de la jeune fille, gravement malade, qui la prononçait. Elle avait une maturité et une clairvoyance face à la vie qui me bluffaient et qui me donnaient envie de revenir à l’essentiel.
Je trouve que ce roman, sous des dehors parfois légers, abordait des sujets profonds.
A chaque début de chapitre nous était donnée une citation, à chaque fois bien choisie et inspirante.
Envisageriez-vous de vous replonger dans ce livre avec vos yeux d’adulte ?
Je l’avais déjà relu beaucoup plus tard. Certes, le ressenti était différent et je trouvais certains moments plus clichés ou naïfs mais j’avais l’impression de revenir un peu à la maison et de retrouver de vieilles copines.
Les retrouver c’était un peu retourner à un endroit où rien n’a changé.
J’avais un peu l’impression d’être enveloppée de tendresse et de nostalgie… et ça fait du bien parfois !
Je crois que j’aurais encore plus ce sentiment avec des albums jeunesse de mon enfance, notamment ceux de l’Ecole des loisirs.
Si vous deviez recommander ce roman à un enfant d’aujourd’hui, quels aspects mettriez-vous en avant ?
Je pense que je lui dirais que ce livre parle de la vie, de la famille, de l’amitié, des premières amours, des questions que l’on se pose souvent
sans trop savoir quoi en faire. Que ce livre se dévore comme un roman d’été, un plaisir coupable, que ca change les idées entre les devoirs et le coucher ou entre deux livres scolaires. Que la lecture ça peut être ça.
Plus jeune, quel personnage auriez-vous adoré devenir?
Celle dont le caractère était radicalement différent du mien et dont j’avais envie d’apprendre :
Bridget, la nana sportive qui a confiance en elle et qui s’est remis d’un deuil terrible mais avec dignité et pudeur ( peut être un peu trop ? ) et sans se répandre !
J’aurais adoré être sportive et à l’aise dans mon corps. Et bien plus taiseuse !
Un livre que vous auriez aimé découvrir plus tôt ?
Je pense spontanément à La Fourmi rouge d’Emilie Chazerand. En dehors d’être un livre particulièrement drôle il est porteur d’un vrai message.
Le défi pour notre héroïne est de réussir à devenir la « fourmi rouge » de sa vie, à oser sortir du lot, de ne plus être dans l’autodérision en permanence et de ne plus se cacher.
J’ai beaucoup aimé le lire à l’âge adulte mais ça m’aurait beaucoup plu de lire ce genre d’éloge de la différence et de la confiance en soi quand j’étais ado ou préado.
C’est super sain et bienveillant de dire ça aux jeunes.
Tu es gêné de tout ce qui fait que tu es toi mais ça peut s’arranger.
Ok tu as de l’humour et tu sais te moquer de toi même mais tu as le droit d’être juste fier(e).
Et la librairie de votre enfance?
Pour ce qui est de la librairie de mon enfance, il n’y en a pas vraiment eu.
C’est drôle quand on y pense, maintenant que c’est mon métier et en un sens ma vie.
Il n’y avait pas tellement de librairies dans mon coin enfin si mais je crois qu’elle faisait surtout maison de la presse.
J’ai beaucoup plus souvenir de bibliothèques qui m’ont marquée et notamment la Bibliothèque Saint-Just à Stains (93) qui pour moi était un lieu magique !