En octobre 2018, Sandrine se pose sur la planète bookstagram. Son objectif? « Etre un trait d’union » entre ses différentes amies, réparties aux quatre coins de la France, et qui n’ont de cesse de lui demander « tu me conseilles quoi comme livre en ce moment? » Depuis son premier post, cette lectrice hétéroclite partage, avec ses abonnés, des lectures très diverses, d’ Un hosanna sans fin de Jean d’Ormesson, à Ma mère avait raison d’Alexandre Jardin, en passant par Mon père de Grégoire Delacourt.

Quel est votre livre de chevet par excellence ?
Difficile de n’en citer qu’un : il y a beaucoup de livres et d’auteurs que j’affectionne, même si je relis rarement deux fois le même texte. Ainsi, mon livre de chevet est plutôt un auteur de chevet, Guy de Maupassant. Pas très original je l’avoue, néanmoins il est celui que je lis et relis, le seul à pallier aux pannes de lecture et dont je ne me lasse pas. Plus que les romans, j’aime les nouvelles. J’ai plusieurs éditions, une véritable collection, dont un exemplaire du début du siècle dernier, des parutions du Gil Blas signés Maufrigneuse.
A quel moment avez-vous découvert cet auteur?
Ma première rencontre avec Maupasssant date de la sixième. J’avais onze ans et ma professeure de français de l’époque, Madame Ormières, nous avait demandé de lire Mademoiselle Perle.
Pourquoi vous a-t-il marquée ?
Ce qui me touche chez Maupassant, c’est son talent, l’art de la nouvelle, qui fait écho à celui de la chanson : faire passer les émotions en un minimum de mots, de pages.
Et puis cette capacité à se renouveler, cette diversité incroyable. Maupassant passe de la campagne à la bourgeoisie, des militaires aux cocottes, il manie le romanesque et l’ironie, parfois grivois, parfois condescendant, et parfois fou !

Quelles sensations a-t-il réveillées chez vous ?
A 11 ans avec Mademoiselle Perle, j’ai découvert qu’un livre pouvait m’émouvoir, plus tard j’ai découvert que Maupassant croquait les travers de la société, qu’il était sans concessions et tendre avec personne… sauf Flaubert ! Il m’a appris que la légèreté pouvait cacher une certaine profondeur. Il y a plusieurs niveaux de lectures chez Maupassant et chacun peut y trouver quelque chose. Aujourd’hui ma nouvelle préférée est Le baiser.
Relisez-vous les écrits de cet auteur ?
Je le lis de temps en temps, comme on prend des nouvelles d’un vieil ami et invariablement tous les dix ans je recommence l’intégrale : pendant quelques semaines je ne lis que lui et j’ai l’impression de découvrir de nouveaux écrits. Je déniche une correspondance, des récits de voyage, bref j’y reviens toujours.
A qui prêtez-vous ses livres?
Je l’ai offert parfois, recommandé souvent, je ne le prête jamais.
Quel adjectif utiliseriez-vous pour qualifier ses textes?
Pas un adjectif mais une expression « l’étrange petit théâtre de la vie ».
Quelle question auriez-vous souhaité lui poser?

Je me serais abstenue car je ne pose jamais les bonnes questions à un auteur ! Ceci étant dit, je me demande comment il aurait brocardé notre époque : que serions-nous devenus sous sa plume ?
Et à son éditeur ?
Paul Ollendorff a été l’éditeur et l’ami de Maupassant. Après son décès prématuré, il a continué de gérer son œuvre et sa mémoire. Je lui aurais demandé qu’il me raconte leur amitié et la vie après Maupassant.
Quelle est votre librairie coup de cœur ?
Je visite toujours une ville par ses épiceries, ses cimetières et ses librairies… alors j’achète des livres un peu partout.
Je citerais les Petits Papiers à Auch (32) très pointue, le Vent Délire à Capbreton (40) hétéroclite (on y trouve absolument tout !), et Arabesque à Hossegor (40), une librairie où l’on écoute de l’opéra en choisissant ses livres.