En mai 2019, Sylvie investit la planète bookstagram. Depuis, cette professeure d’espagnol poste sur son compte avis et recommandations de lecture, usant tour à tour de la photo ou de la vidéo. Pour cette interview et après plusieurs hésitations, cette lectrice insatiable a jeté son dévolu sur un livre de chevet.

Quel est votre livre de chevet par excellence ?
Je lis surtout le soir donc sur ma table de chevet, bien rangés, sont gardés quatre livres : Cent ans de solitude de Gabriel García Márquez, Métaphysique des tubes d’Amélie Nothomb, Rimes de Gustavo Adolfo Bécquer qui est un recueil de poèmes sévillans et Le cousin Pons d’Honoré de Balzac. Allez ! J’ose favoriser Le cousin Pons et grâce à votre interview, je me résigne à choisir pour la première fois.
A quel moment l’avez-vous lu ?
Je l’ai emprunté à la bibliothèque de mon lieu de travail, il y a une quinzaine d’années. J’avais 30 ans et mon roman favori était alors Le lys dans la vallée. Je voulais découvrir d’autres facettes de la Comédie humaine que je n’avais pas encore lues. Le lys dans la vallée commençait à perdre un peu de son intérêt.

Pourquoi vous a-t-il marquée ?
Les portraits des personnages m’ont fait tellement rire que jamais je ne les ai pas oubliés. Certains détails sont grotesques et émouvants à la fois, ce sont des portraits souvent ironiques et leur comicité a été jusque là indétrônable. J’ai eu beau chercher dans d’autres romans classiques ou contemporains, je n’ai pas retrouvé cette virtuosité dans un portrait. Toute l’horreur de l’âme humaine mais aussi parfois, dans une moindre mesure, sa pureté, y sont parfaitement transcrites. Ce roman, bien que très sombre dans sa vision de la société parisienne de l’époque, reste des plus fascinants à mes yeux grâce entre autres à la physiognomonie ironique.
Quelles sensations a-t-il réveillées chez vous ?
J’ai ressenti fortement tout l’art de l’écrivain qui parvient à exprimer l’âme humaine dans sa vérité cachée. Ce roman m’a fait comprendre que le portrait dans un roman était ce qu’il y a de plus délicat et complexe. Je l’avais souvent entendu dire mais sans l’avoir vraiment saisi. Je pense que par le biais du rire, même s’il s’agit d’humour noir, l’horreur, le drame prennent une tessiture absolue. En bref, cela a été une révélation, un plaisir inédit.
L’avez-vous lu plusieurs fois ?
Deux fois seulement et ce livre reste dans ma chambre afin de lire quelques passages de temps à autres. J’aime me replonger dans son atmosphère selon mon humeur du soir.
A qui l’avez-vous prêté ?
A personne car il n’y a personne dans mon entourage qui aime Balzac ! Heureusement pour moi, avec une collègue bien plus lettrée que moi, on a pu partager nos impressions sur ce roman : elle connaît Balzac sur les bouts des doigts.
Quel adjectif utiliseriez-vous pour qualifier ce livre ?
Passionnant.
Quelle question auriez-vous souhaité poser à son auteur ?
Que pensez- vous de l’âme humaine après avoir tenté d’en extraire la substantifique moelle ? Ou bien j’aurais été si intimidée par cette rencontre que je n’aurais rien dit…
Et à son éditeur ?
Aux deux éditeurs de 1847, j’aurais aimé demander quel type d’homme était Honoré de Balzac.
Cela m’intrigue toujours. Je me demande quelle est la personnalité, le caractère et le vécu de celui ou de celle qui créé un chef d’œuvre : d’où vient ce génie ? Les critiques nous apportent quelques informations, mais personne n’est à même de donner une réponse fiable.
Sans transition, quelle est votre librairie coup de cœur ?
Je suis fidèle à une librairie dans ma ville d’Orléans : La librairie nouvelle d’Orléans. Les éditions Albin Michel l’ont sauvée d’une fermeture en 2014 et j’en suis ravie ! Chaque année, beaucoup d’auteurs viennent y dédicacer leur livre et rencontrer les lecteurs : c’est un lieu où l’on est de plus toujours bien accueilli.