Quel remède plus puissant que la lecture pour s’échapper ? Cette mini-série est dédiée à ces histoires qui permettent de façonner notre imaginaire. Elle est aussi l’occasion de mettre en avant des librairies. Parce qu’en cette période particulière, plus que jamais, les romans n’ont aucune raison de prendre la poussière sur nos étagères. Pour ce septième épisode, la parole à Hanaë!

En ce moment, nous avons tous besoin d’évasion. Quel texte nous conseillez-vous ?
Avant toutes choses, le confinement a eu un effet étrange sur mes lectures. Ces deux mois, j’ai beaucoup moins lu et j’ai investi d’autres passions artistiques comme la danse, l’écriture ou la peinture.
Peut-être que l’écriture m’a éloignée des livres – comme si lire et se fondre dans d’autres pensées gangrénait ma propre manière d’écrire – ou peut-être est-ce mon rôle de juré au Prix Orange du Livre 2020 ? A l’annonce du confinement, j’ai pensé « chouette ! Je vais pouvoir lire sans limite et arriver avec un bagage romanesque immense le jour des premières délibérations du jury ».
Que nenni !
Juste avant, j’étais très investie dans ma mission et ma fréquence de lecture était d »un livre tous les deux jours ! Peut-être est-ce donc aussi cela qui a cassé mon rythme, comme un athlète qui change son régime et digère l’effort intense qu’il s’était imposé.
Toutefois, de toute cette période incertaine, Azur Noir d’Alain Blottière (éditions Gallimard) s’est détaché.
Pourquoi est-ce une lecture appropriée au contexte actuel ?
Appropriée au contexte, je ne sais pas.
En tous cas, elle a été pour moi une bouffée d’oxygène, un voyage dans l’univers poétique rimbaldien…. et ce malgré la canicule décrite qui s’abat sur Paris.
Alain Blottière s’attaque au monstre sacré qu’est Rimbaud mais au lieu de rédiger une biographie banale, il ressuscite le poète à travers un jeune homme, Léo. Il vit 14 rue Nicolet, là où Rimbaud et Verlaine se sont rencontrés et aimés et passe son été dans ce Paris désert et caniculaire où il croit perdre la vue. D’étranges voiles noirs s’imposent lui, il s’isole dans son Montmartre écrasé par la chaleur, s’entoure de disparus et revit l’été 1871, lorsque Rimbaud présente son Bateau Ivre.
Rimbaud triomphe dans l’Azur qui se noircit. Le lecteur bascule d’un réel confus à un imaginaire de plus en plus net.
J’ai tant aimé ce texte, sublime dans sa prose et innovant dans sa construction. Un récit qui m’a fait voyager dans la poésie, la vie du poète et le Paris du 19ème : un voyage envoûtant, entre érotisme et apocalypse.
Chronique complète : https://hanaebookreviews.wordpress.com/2020/02/03/azur-noir-alain-blottiere/
Quels livres avez-vous prévu de dévorer au cours des prochains jours ?
Je dois avouer qu’il me faut lire certains livres de la première sélection du prix Orange du livre 2020 : la liste des 21 se trouve d’ailleurs ici (https://www.lecteurs.com/article/la-premiere-selection-du-prix-orange-du-livre-2020-le-jury-selectionne-21-titres/2443835).
En revanche, j’attends avec une impatience terrible trois auteurs et leur livre : Nicolas d’Estienne d’Orves avec Ce que l’on sait de Max Toppard (Editions Albin Michel) dont la publication qui devait avoir lieu en juin sera décalée en janvier, Elena Ferrante avec La vie mensongère des adultes (parution le 9 Juin aux éditions Gallimard) et enfin Serge Joncour dont j’ai pu lire qu’il avait fini d’écrire son prochain livre (éditions Flammarion).
J’en crève d’impatience !
La lecture , meilleure échappatoire que Netflix : vous avez cinq lignes pour convaincre !
Oulala je ne suis certainement pas la mieux placée pour répondre à cela. Je dévore les séries depuis mon collège (je n’ose même pas calculer mon temps de vie passé devant l’écran !).
Pour moi les séries, comme les livres, sont des supports qui permettent de voyager dans l’espace, le temps et les mentalités, d’en apprendre sur le monde, la psychologie et même de puiser des inspirations modes… !
En ce moment je dévore Mad Men que j’avais trop longtemps laissé de côté. Une série indéniablement magnifique qui me fait passer des heures hors Netflix à éplucher des études sociologiques sur l’infidélité, le racisme en Amérique dans les années 50, l’émancipation féminine ou encore la société de consommation.
En somme, Netflix m’amène à lire …. (haha)…J’ai donc à moitié réussi le défi de l’injonction…même si cela tient en plus de 5 lignes (hihi).
Depuis la fin du confinement, dans quelles librairies vous êtes-vous précipitée ?
Les TROIS librairies que j’aime par-dessus tout sont :
- La librairie idéale (41 Rue Cler 75007 Paris) : bienveillance, dynamisme, libraires passionnés et c’est aussi ma librairie de quartier.
- La librairie Gallimard (15 Boulevard Raspail) : le lieu est presque centenaire ! Il a été rénové en 2015 mais son âme est restée intacte. J’y sens le poids de l’Histoire, l’odeur du papier et je ne me lasse pas de lever les yeux jusqu’au ciel pour parcourir ces bibliothèques qui s’érigent du sol au plafond. Véritables écrins pour de beaux ouvrages, il y a même les fameuses échelles qui permettent d’accéder aux étagères les plus hautes.
- La librairie des Arts au Royal Monceau (37 avenue Hoche, 75008 Paris) : un lieu RO-YAL à l’entrée du palace. On y trouve des livres incroyables qui dépassent quelque fois le millier d’euros ! Editions limitées, formats originaux, livres-concept…
J’ai découvert là-bas un livre sur Christian Louboutin…un véritable bijou…il est depuis chez moi (oui j’ai craqué….)