Le 25 janvier dernier étaient révélés les noms des six finalistes du millésime 2020 du Prix Libraires en Seine. Parmi eux, « A crier dans les ruines » d’Alexandra Koszelyk (Aux forges du Vulcain), « De pierre et d’os » de Bérengère Cournut (Le Tripode) ou encore « Vaincre à Rome » de Sylvain Coher (Actes Sud). Le président de Libraires en Seine, Laurent Bojgienman, directeur de la Librairie Nouvelle*, revient sur la raison d’être de ce réseau et l’origine de son prix. A noter qu’en cette période de confinement, vous pouvez continuer de rendre visite aux libraires en Seine, via leur plateforme d’e-books librairesenseine.fr.

Comment est né « Libraires en Seine » ?
J’ai repris la Librairie Nouvelle, il y a onze ans maintenant, avec mon associée. Pour elle comme pour moi, il s’agissait d’une reconversion : jusqu’alors, j’étais contrôleur de gestion et elle officiait dans la communication. Je l’ai rencontrée dans le cadre de la formation suivie au moment de ma réorientation : « Créer ou reprendre une librairie » proposée par l’Institut national de formation de la librairie (IFNL).
Assez vite, elle et moi avons cherché un local avant d’être aiguillés vers une librairie, datant de 1936. Nous avons ainsi pris les rênes de la librairie Nouvelle en 2009. Nous avons eu immédiatement envie de contrer un possible isolement, en échangeant avec d’autres confrères. Petit à petit, nous avons commencé à nous réunir de façon informelle pendant deux ans, puis avons bâti des actions communes. Par exemple, nous avons fait faire des sacs « Libraires en Seine. » Progressivement, nous avons structuré notre association autour de deux axes : le Prix Libraires en Seine et un kiosque numérique.
Arrêtons nous d’abord sur votre prix littéraire. Cette huitième édition devrait se clôturer le 10 juin prochain par une soirée de remise dans la salle départementale située sur l’île de Monsieur à Sèvres. Comment sont choisis les textes qui figurent dans votre sélection ?
Notre réseau compte aujourd’hui quatorze librairies de l’ouest parisien, pour une cinquantaine de libraires environ. Lors d’une soirée organisée traditionnellement au mois d’octobre, nous demandons à chacun de présenter un de ses coups de coeur de l’année écoulée. Ensuite, nous préparons une petite brochure, à destination de nos clients, présentant les ouvrages retenus. Début janvier, nous votons pour classer ces livres. Puis, en gardons six parmi les dix premiers. Cette sélection est rendue publique fin janvier. Nous proposons à nos clients d’acheter, non pas les six livres, mais au moins deux, et de les faire tourner entre eux. Une fois le mois de mai venu, ce sont ainsi environ 600 lecteurs qui votent pour leur coup de cœur. Le point d’orgue a lieu en juin, pendant la soirée de remise de prix au cours de laquelle le lauréat est dévoilé. Depuis deux ans, Inès de la Motte Saint-Pierre, journaliste pour l’émission La Grande Librairie, une heure d’échange avec les six auteurs de la sélection qui dédicacent ensuite leurs livres.
Vous avez également lancé les Prix des Bouquineurs et des Petits bouquineurs…
Nous avons en effet décidé, il y a cinq ans, de créer un prix pour les plus jeunes, qui se déclinent en deux variantes : la première pour les 8-11 ans, la deuxième pour les 12-15 ans. Les enfants ou adolescents s’inscrivent en librairie et doivent lire trois ouvrages, choisis par les libraires. Leur vote permet de désigner un lauréat dans chaque catégorie, puis chaque librairie se charge ensuite d’organiser une cérémonie afin de dévoiler les lauréats.
Les récompenses littéraires ne manquent pas. Comment vous êtes-vous démarqués ?
Aujourd’hui, le prix commence à être connu : il est régulièrement mentionné en quatrième de couverture des éditions poches des livres lauréats. Mais, à l’origine, notre but était avant tout de faire plaisir à nos clients. Ce qui est vrai en revanche est que les prix des lecteurs marchent bien : on le constate avec le Grand Prix des lectrices de ELLE ou le Grand Prix RTL–Lire. Le prix « Libraires en Seine » est à la fois une récompense de lecteurs et de libraires… ce qui lui confère, en quelque sorte, une double légitimité !
Vous évoquiez l’autre pan de votre association : le kiosque numérique.
Il s’inscrit dans la lignée de la mutualisation de certaines de nos activités : nous nous sommes unis pour créer ce kiosque. Sur nos sites, les lecteurs peuvent acheter des e-books sans recourir aux plateformes habituelles, qui tendent à étouffer le commerce de proximité.
Vous nous l’avez dit : vous avez été contrôleur de gestion avant de devenir libraire. Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?
J’adore l’environnement du livre… même si être libraire ne revient pas à passer ses journées à lire ! Le travail est intense, la manutention incontournable… J’aime la diversité de ce métier : j’ai à la fois une casquette de chef d’entreprise (mon associé et moi avons huit salariés), nous vendons de la papeterie, de la bande dessinée, on échange avec les représentants, les clients…
*57 Grande Rue Charles de Gaulle, 92600 Asnières-sur-Seine