« Her nose stuck in a book ». C’est ainsi que Marie se définit sur son profil Instagram. Cette consultante senior en communication pour l’agence Antidox est également chroniqueuse pour le magazine Lire. Elle évoque, avec passion et finesse, l’histoire qui a bercé son enfance.

Quel est votre livre de chevet par excellence ?
J’en ai plusieurs. Mais j’adore Harry Potter. En ce moment, je relis toute la série en anglais : en version originale, la magie de la plume de JK Rowling est beaucoup plus palpable. C’est une conteuse hors pair !
Quand avez-vous lu cette histoire pour la première fois?
J’ai découvert cette saga à l’âge de dix ans, l’année de publication du premier tome. C’est un libraire d’un magasin Extrapole qui m’avait conseillé le premier tome. En cela, les libraires d’Extrapole étaient assez fabuleux ! Ils avaient un amour profond pour le livre, étaient immédiatement capables d’aiguiller les lecteurs parmi une multitude de références. On sentait qu’avant d’être libraires, ils étaient d’abord des lecteurs aussi passionnés que chevronnés.
Pourquoi la lecture de Harry Potter vous a-t-elle marquée ?
Ces textes m’ont marquée avant tout parce que JK Rowling est capable d’offrir un univers très complet, tant sur le plan des matières enseignées à l’école d’Harry, que sur celui du vocabulaire de la sorcellerie, des sorts… Son univers est plus qu’abouti. La création d’un monde !
Pour moi, seuls deux autres univers sont autant travaillés: le Seigneur des Anneaux et Star Wars. Ces mondes sont si riches, si vastes, qu’ils autorisent la création d’une multitude d’histoires, tout comme la possibilité d’aborder différentes problématiques.

D’ailleurs, Harry Potter offre plusieurs niveaux de lecture et a cette qualité d’être transgénérationnel : la lectrice de 8 ans est attirée par la magie, les sorts, ou encore l’amitié indéfectible qui lie notre trio Harry, Ron et Hermione (un éloge de l’amitié). Quant au lecteur plus âgé, il va déceler les réflexions liées au totalitarisme, à l’intolérance, au rapport à la figure paternelle qui, tant qu’elle demeure introuvable, ne peut définir complètement notre héros… et s’interroger sur les réflexions philosophiques de Dumbledore, le sage (un Socrate ? ou un Merlin ? car Dumbledore est titulaire de l’Ordre de Merlin avec pour deuxième prénom Perceval, et il y a le manteau d’invisibilité d’Arthur donné par Merlin…). L’œuvre de JK Rowling est d’une richesse telle que des philosophes se penchent sur certaines intrigues ! C’est également une saga qui a la prouesse de se complexifier, voire de s’assombrir au fil des tomes ; les lecteurs grandissent en même temps que les personnages, et « mûrissent » ensemble, pour au final comprendre finalement qu’une bonne action peut engendrer de graves conséquences.
Quelles sensations ont réveillé les tomes de Harry Potter chez toi ?
Ces livres sont probablement à l’origine de ma soif de lecture. En les lisant, on vit au côté des personnages, on ressent leur détresse, leur chagrin. On vibre avec eux. Puis surtout, Harry Potter est associé dans mon esprit, à la première fois que j’ai fait la queue devant une librairie le jour de la sortie d’un livre. Avant JK Rowling, je n’avais jamais fait cela pour un auteur ni ressenti ce besoin impérieux de lire son ouvrage immédiatement.
As-tu prêté tes livres Harry Potter ?
Je les ai prêtés à plusieurs personnes dont ma mère, mon père et mon grand-père. Ce-dernier a adoré ! Harry Potter figure parmi les livres phares que j’ai partagés avec lui. J’ai également aimé lui conseiller les livres de Philip Pullman.

Ce que j’aime avec Harry Potter, c’est qu’il s’agit d’une littérature de partage : sont réunis tous les ingrédients permettant d’atteindre plusieurs cibles. Les personnages loufoques ou déjantés, les intrépides, ceux à fort potentiel humoristique… Cette large palette permet de répondre aux attentes de différentes typologies de lecteurs. Je pense aussi que Harry Potter est ma « Madeleine de Proust ». Je me replonge dans les échanges passionnés que j’ai pu avoir avec des proches, aujourd’hui disparus. Ce partage a pu être possible grâce au caractère transgénérationnel de l’œuvre de JK Rowling. Harry Potter efface aussi cette frontière entre l’enfance et l’âge adulte, signe avant-coureur d’une mutation de la société. Il suffit d’observer par exemple aujourd’hui l’engouement des adultes pour les Lego de l’univers de Poudlard !
Quel adjectif utiliserais-tu pour qualifier la série Harry Potter?
Edifiant.
Quelle question aurais-tu aimé poser à JK Rowling ?
Quel roman aurait-elle aimé écrire ? Ou réécrire ? J’ai été bercée par les vers de Roméo et Juliette. J’ai appris que l’intrigue n’avait pas été pensée par Shakespeare. Ces deux personnages sont représentés, à l’origine, dans des poèmes vénitiens. Au XVIème siècle, l’Anglais Arthur Brooke reprend l’histoire dans l’un de ses poèmes. Puis, Shakespeare s’inspire de cette tragédie romantique en vers pour façonner une pièce, celle que nous connaissons tous aujourd’hui. Il a embelli et densifié ce qui, au début, n’était que le simple récit d’un amour impossible, pour en faire un chef d’œuvre culte.
Quelle question aurais-tu aimé poser au premier éditeur de JK Rowling ?
Quel est, selon vous, le passage qui a été le plus ardu à retravailler et pour quelles raisons (s’il y en a eu un) ?
Sans transition, quelle est ta librairie coup de cœur ?
Ma librairie coup de cœur… est celle d’un film, précisément Vous avez un message. Un parquet qui grince, des étagères en bois regorgeant d’ouvrages, une ambiance chaleureuse, un petit coin lecture confortable avec petits fauteuils et peluches pour les plus jeunes, des « histoires » contées, et des libraires passionnés se mettant en scène avec costumes et accessoires… Un cocon de trouvailles, de retrouvailles, et de communion autour du livre.