L’incontournable livre de chevet d’… Emilie Deseliène, créatrice du podcast littéraire La Page Blanche

Toutes les deux semaines, avec passion et panache, cette doctorante en arts donne la parole à des auteurs, aux horizons variés, grâce à son podcast, baptisé la Page Blanche. Objectif de son micro tendu: mettre en avant des textes qui l’ont touchée, discuter du processus créatif ou encore du monde de l’édition.

Quel est votre livre de chevet par excellence?

Il n’y a pas de roman que je pourrais qualifier de “livre de chevet”; il y a beaucoup que j’aime garder avec moi, d’années en années, de déménagement en déménagement et dont je ne saurais me séparer; des romans qui ont laissé leur trace, qui m’ont guidée, accompagnée, changée. Néanmoins, il est un livre qui pourrait correspondre parfaitement selon moi à la définition du livre de chevet -et que je garde d’ailleurs toujours à portée de main, ce sont les Carnets d’Albert Camus. 

A quel moment l’avez-vous lu?

 J’avais vingt-un ans, soit l’âge de Camus quand il commence l’écriture de ses cahiers (en 1935). Je sortais de trois années de classe préparatoire, je ne savais pas très bien ce que je voulais faire dans la vie; j’étais un peu perdue et j’ai découvert ce texte complètement par hasard. La voix de Camus jeune homme a été une vraie révélation.

Pourquoi ce livre vous a-t-il marquée?

Les Carnets regroupent des pensées, des fragments de textes, des réflexions quotidiennes de l’auteur. Plonger de cette façon dans l’intimité de l’écrivain est absolument fascinant. On y trouve aussi des notes d’avancement sur ses différents projets, des réflexions sur des livres avortés ou des romans qui ont vu le jour. On croise par ailleurs toutes les thématiques chères à l’auteur, le temps, la mort, le sens de l’existence. C’est très riche, très inspirant, beaucoup de pensées rappellent l’aphorisme et, en piochant, au fil des pages, on tombera toujours sur une phrase qui fait écho à son émotion du moment.

Quelles sensations a-t-il réveillées chez vous?

Une curieuse sensation de liberté. Il y a une certaine sagesse qui se dégage de ces morceaux de texte, quand bien même il s’agit d’écrits intimes -les cahiers n’avaient pas vocation a être publiés. Les réflexions de Camus et son expérience du quotidien, ses peurs, ses doutes, ses questionnements existentiels : tout cela a quelque chose de très rassurant. Nous sommes tous dans le même bateau, en proie aux mêmes démons et aux mêmes difficultés. Mais il y a des réponses possibles -notamment grâce à la littérature.

L’avez-vous lu plusieurs fois?

Je l’ai lu, relu et encore relu, corné, annoté de part et d’autres. Je le garde toujours à portée de main. L’avantage, c’est qu’on peut l’ouvrir au hasard, le feuilleter, le lire d’une traite ou par petits morceaux, comme une friandise que l’on savoure. C’est véritablement un livre de chevet.

A qui l’avez-vous prêté?

A personne ! J’aurais l’impression de me mettre complètement à nue, étrangement. Comme si Camus, en parlant de lui, disait quelque chose de nous. Quand je lis ce texte, j’ai l’impression d’être dans une bulle protectrice, où l’auteur et moi pouvons nous comprendre, nous soutenir; le prêter à quelqu’un serait dévoiler, finalement, une part de mon intimité de lectrice.

Quel adjectif utiliseriez-vous pour qualifier ce livre?

Sincère.

Quelle question auriez-vous souhaité poser à son auteur?

Pourquoi l’écriture?

Et à son éditeur?

Comment s’opère le choix de publier, à titre posthume, les carnets intimes d’un écrivain, et comment choisit-on ce qu’on laisse ou ce qu’on garde? 

Sans transition, quelle est votre librairie coup de cœur ?

L’Arbre du Voyageur*, dans la rue Mouffetard à Paris. Un petit cocon très calme et bien garni, un large choix de littérature étrangère et de littérature jeunesse… On y resterait des heures à l’abri du tumulte parisien.

*55 Rue Mouffetard, 75005 Paris

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