Le 8 août 2018, Fabrice Del Dongo postait son premier cliché: une photo d’ A l’ombre des jeunes filles en fleurs. Depuis, le bookstagrammeur partage ses lectures coups de cœur sur son compte. Il a également été juré du prix littéraire organisé par les éditions Points et sera cette année juré du deuxième prix Bookstagram du livre étranger.

Quel est votre livre de chevet par excellence?
L’insoutenable légèreté de l’être de Milan Kundera.
A quel moment l’avez-vous lu?
Il y a une dizaine d’années. Je n’étais pas le lecteur compulsif que je suis aujourd’hui. Mais j’ai tout de suite compris que je lisais un livre gigantesque.
Pourquoi vous a-t-il marqué ?
Pour plusieurs choses. Mais surtout pour sa valeur philosophique. Grâce à ce livre, j’ai découvert le concept de l’éternel retour de Nietzsche. Depuis, j’ai lu Ainsi parlait Zarathoustra. J’ai justement acheté le hors-série du Monde consacré au philosophe. Je trouve que L’insoutenable légèreté de l’être est l’application parfaite de ce concept nietzschéen.
Il y a aussi le développement autour de la dualité de l’être, la pesanteur qu’incarne Tereza et la légèreté symbolisée par Tomas. Je pourrais également parler du kitsch. Il y a tellement à dire.
Quelles sensations a-t-il réveillées chez vous?
D’abord l’impression de mieux comprendre des événements vécus, d’être plus fort pour affronter la vie depuis sa lecture.
Et puis, il se passe quelque chose avec le chien de deux des personnages de l’histoire. Déjà, il un nom formidable : Karenine, en référence à Anna Karenine. J’ai lu des choses très tristes, des drames beaucoup plus forts. Mais jamais je n’ai autant été affecté par ce qui est arrivé à ce chien.

L’avez vous-lu plusieurs fois?
Oui. Je l’ai encore relu intégralement l’année dernière. Sinon, je relis très souvent des passages.
A qui l’avez-vous prêté?
J’ai une relation particulière avec mes livres. J’aime qu’ils soient neufs et qu’ils m’appartiennent. Et j’ai du mal à les prêter. Surtout les livres importants. Mais je l’ai déjà offert. Il m’arrive également d’en envoyer des extraits lorsque je sens qu’ils seront utiles à mes proches à un moment de leur vie.
Quel adjectif utiliseriez-vous pour qualifier ce livre?
Philosophique pour les raisons évoquées dans les questions précédentes. Mais il est aussi historique car c’est une œuvre majeure du XXème siècle et qu’il fait référence à un événement important, le printemps de Prague.
Quelle question auriez-vous souhaité poser à son auteur?
Je lui poserais la question en rapport avec le concept de l’éternel retour.
Accepterait-il de revivre sa vie d’innombrables fois ?
Et à son éditeur?
Il y a quelques années, j’aurais demandé ce qu’ils attendaient pour le mettre en Pléiade. Maintenant qu’il y est, je leur demanderais de ses nouvelles. Aujourd’hui Milan Kundera a 90 ans et n’apparaît plus du tout médiatiquement depuis très longtemps. Comment va-t-il ?
Sans transition, quelle est votre librairie coup de cœur?
La buissonnière* à Yvetot en Seine-Maritime. Le nom d’Yvetot dira d’ailleurs peut-être quelque chose aux amateurs d’Annie Ernaux. Elle raconte dans de nombreux ouvrages sa jeunesse dans cette ville dans laquelle ses parents tenaient un café-épicerie.
Cette librairie est tenue par un couple de passionnés qui lutte face à la concurrence d’un centre culturel Leclerc et de la FNAC. Dans une ville de seulement 12 000 habitants !
Mais les concurrents n’ont pas le charme de la Buissonnière. On n’y retrouve pas non plus la même passion.
Et que dire des rencontres proposées ces dernières années : Delphine de Vigan, Michel Bussi, Yasmina Khadra, Maylis de Kerangal, Pierre Lemaitre, Sylvain Tesson, Franck Bouysse et bien évidemment Annie Ernaux …
Au mois de novembre, ce sera au tour de Victoria Mas et Hubert Haddad !
*10 place Victor Hugo, 76190 Yvetot