L’incontournable livre de chevet d’… Agathe Ruga

Avec le  remarqué « Sous le soleil de mes cheveux blonds » (Stock, collection Arpège), Agathe Ruga nous entraîne dans l’histoire d’une amitié inachevée et sonde cette souffrance, souvent niée: celle de l’éloignement,  soudain et brutal, d’une amie proche. Un roman sur le passage de l’adolescence à l’âge adulte, s’ouvrant sur les réflexions de Brune, enceinte. Nostalgique, l’héroïne songe à son amitié perdue, tout en gardant l’esprit tourné vers l’avenir. « Aujourd’hui, à trente ans pour la plupart, nous fabriquons des individus, ou bien nous y pensons, écrit l’auteure, que tous les lecteurs connectés connaissent sous le nom d’Agathe.the.Book, blogueuse incontournable et fondatrice du Grand Prix des blogueurs littéraires. « Nous sommes entre deux vies, » ajoute-t-elle plus loin. La maternité, l’amour sans limite et les sacrifices que cela suppose sont aussi les thématiques de son livre de chevet « du moment ».

Quel est ton livre de chevet par excellence?

Ma chère Claire, nous n’allons pas mentir à tes followers, comme je te l’ai déjà dit par message, je n’ai pas de livre de chevet. Ni de Bible d’ailleurs, tout au plus quelques barrettes, un verre d’eau et mon livre du moment. Mais un livre de chevet, c’est-à-dire par définition un livre que je lirais régulièrement, un roman-doudou, et donc un texte et un seul qui me définirait, impossible. Non, je suis bien trop occupée à regarder les nouvelles parutions et tout ce que la littérature offre comme diversité à notre époque. 

Je laissais donc ton mail en suspens, bien embêtée tout de même car j’apprécie ton blog et l’originalité de cet axe pour faire parler les auteurs et les lecteurs. 

Et samedi soir dernier j’ai eu une révélation lorsque je cherchais frénétiquement une page cornée parmi tant d’autres dans un tout petit livre, le seul que j’ai relu au moins trois fois dans ma vie, ex aequo avec L’amour dure trois ans de Beigbeder —mais ceci est une autre histoire et j’ai déjà trop parlé de Beigbeder un peu partout— bref stoppons tout de suite ce suspense insoutenable, ce livre s’intitule donc L’élégance des Veuves  d’Alice Ferney. Ma récente maternité place directement ce magnifique chef d’œuvre dans la catégorie : « livre de chevet du moment ».

A quel moment l’as-tu lu? 

Je l’ai justement lu lors de ma maternité précédente, quelques semaines après l’accouchement, à 30 ans pour être précise.

Pourquoi t’a-t-il marquée? 

Lorsque vous venez d’avoir un bébé, que vous êtes confinée chez vous dans une odeur prégnante de lait et de savon doux, soumise au rythme animal d’un être aussi vulnérable, que vous pleurez de joie et riez de fatigue, vous réalisez alors que la maternité, ce tsunami corporel et émotionnel, c’est un monde parallèle où tout est neuf et tout est sauvage, vous cherchez des mots qui n’existent pas, car vous découvrez un nouvel amour, car une nouvelle couleur vient d’apparaître dans votre palette d’émotion. Et ces mots, ces sensations, ces couleurs, Alice Ferney les a trouvés. Je n’ai jamais rien lu de semblable, elle sait les mères, elle sait l’amour inconditionnel, elle sait les sacrifices, les tourments, ce bonheur si intense qu’il vous fait monter les larmes aux yeux. Et surtout il y a quelque chose de très éphémère dans la maternité que l’auteure explique très bien, ce nouveau-né qui respire contre vous est unique, il est ce pour quoi vous vous sentez exister, et dès que cette sensation disparaît, vous avez à nouveau envie d’être mère (la nature est bien faite).

Dans ce livre, il est question d’une famille au début du XXème siècle, il raconte le ballet des naissances et des morts, de la vie qui hurle, de génération en génération, à une époque où l’on acceptait tous les enfants que Dieu nous donne, où les femmes n’avaient pas d’autre mission que de faire gonfler leur ventre. Valentine puis Mathilde, huit et dix enfants, certains décédés à la naissance, des maris partis à la guerre, et ces enfants qui ne s’arrêtent pas de naître et de donner la vie à leur tour.

Quelles sensations a-t-il réveillées chez toi? 

J’ai rarement autant pleuré lors d’une lecture, c’est un livre très fort et très intense sur quelque chose d’ancestral : donner la vie.

L’as-tu lu plusieurs fois? 

Oui ! il est très court et se relit facilement. Mais souvent je relis des pages que j’ai cornées.

A qui l’as-tu prêté? 

Personne. Mais depuis samedi je me suis promis que je l’offrirai à toutes mes amies qui accouchent!

Quel adjectif utiliserais-tu pour qualifier ce livre?

Sublime.

Un extrait pour le démontrer :

« Le sang et la chair, qui n’ont jamais le temps qu’ils souhaiteraient, ont une éternité derrière et devant eux. Et les codes secrets qui commandent l’allure d’un corps à naître, la force d’un tempérament à venir, livrent les secrets de l’ombre, du froid et de la dissolution, où ils vont, d’où ils viennent. Le spectacle se donne sans fin. Car l’instinct fait germer la chair, le désir la pousse, la harcèle quand elle s’y refuse, jusqu’à tant qu’elle cède, s’affale, se colle à une autre, et que s’assure la pérennité des lignées amoureuses.« 

Quelle question aurais-tu souhaité poser à son auteur? 

Combien d’enfants avez-vous ?

Et à son éditeur?

Qu’avez-vous éprouvé lors de la première lecture du texte ? Avez-vous pressenti le chef d’œuvre ?

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