Ce Niçois de 31 ans partage ses lectures sur blog et son compte Instagram. Il est également rédacteur pour le site BePolar. Un passionné qui nous parle aujourd’hui du livre qui le fait vibrer.

Quel est votre livre de chevet par excellence?
Le gaucho insupportable de Roberto Bolaño… peut-être ai-je envie de mettre davantage en lumière l’œuvre exceptionnelle de cet auteur méconnu du grand public. Si je n’ai pas encore lu l’intégralité de ses textes (il me reste encore trois ouvrages à découvrir), Le gaucho insupportable occupe une place à part.
A quel moment l’avez-vous lu?
Je l’ai lu à sa sortie en 2008, traduit et édité par Christian Bourgois et sa fameuse collection « Titres ». Quand je l’ai découvert à 22 ans, au moment où j’étudiais le droit, j’ai été subjugué par cet auteur, dont le texte du Gaucho insupportable fut le dernier. Commencer une œuvre par les dernières phrases de l’auteur est original.
Pourquoi vous a-t-il marqué?
Peu avant de disparaître en 2003, il avait transmis à son éditeur ce manuscrit, comme un testament. Ecrit en même temps que 2666, l’un de ses plus grands romans, celui de l’ombre qu’est Le gaucho insupportable n’en a que plus de valeur. Ce livre regroupe cinq nouvelles dans un univers totalement fantaisiste ainsi que deux textes sur la littérature et la maladie. On y croise des lapins sauvages investissant la pampa, un écrivain plagié qui tente de retrouver le coupable, l’enquête d’une souris flic. Mais, avant tout, Roberto Bolaño est un poète, un magicien des mots. Le plus grand écrivain contemporain que j’ai pu lire. Les mots ne sont pas empilés, ils subjuguent le propos, ils donnent un sens à chaque expression humaine. La plume de Roberto Bolaño n’a pas d’égal. On aimerait que son œuvre devienne éternelle.

Quelles sensations ce livre a-t-il réveillées chez vous?
Roberto Bolaño, en un ouvrage, arrive à explorer des univers diamétralement opposés et en même temps, à les lier. Ce livre à la fois poétique, onirique et fantastique arrive à ne pas oublier que le suspens est un élément clé d’un récit. Tous les repères que vous pensiez avoir disparaissent ou s’entremêlent, vous êtes perdus et vous adorez cela. Aucune œuvre n’a réussi à me désarçonner autant. Chaque relecture de ce livre est différente. On pensait avoir tout vu mais ce n’est jamais le cas. C’est une redécouverte perpétuelle.
L’avez vous-lu plusieurs fois?
Si mes souvenirs sont exacts, entre quatre et cinq fois. Je l’ai relu il y un mois, j’avais besoin de sortir du quotidien, des lectures récentes. J’avais envie de repartir avec Roberto Bolaño et sa poésie ambiante où chaque mot a son importance, où chaque digression fait ressortir le meilleur de son œuvre.
A qui l’avez-vous prêté?
C’est étrange mais je n’arrive pas à prêter ce livre. Je n’arrive pas à prêter un livre de chevet car il fait partie de moi. Ne pas l’avoir en main, sous les yeux, près de nous serait un sacrifice d’une part de nous-mêmes. Le fameux pouvoir des livres… innocent et sacré, immobile mais présent. Cela ne peut s’expliquer, les mots ont une puissance que notre esprit ne peut occulter.
Quel adjectif utiliseriez-vous pour qualifier ce livre ?
Puissant.
Quelle question auriez-vous souhaité poser à son auteur?
J’aurais aimé partager dix minutes avec Roberto Bolaño. J’aurais aimé savoir de quelle façon il écrivait. Savoir par quel mécanisme sa musique poétique provoquait à chaque fois une étincelle.
Et à son éditeur?
En fait, j’aurais préféré le découvrir moi-même pour promouvoir ce génie littéraire. Chaque mot de cet auteur aurait du être publié, ses brouillons comme sa liste de courses.