L’incontournable livre de chevet de… Stéphanie alias Moonpalaace

Un blog qui porte le nom d’un roman de Paul Auster pour une amoureuse des livres devant l’éternel: Stéphanie considère son site comme un cabinet de curiosités capturant ses meilleures lectures; des classiques, à la littérature contemporaine, en passant par les ouvrages d’art.

Quel est votre livre de chevet par excellence ? 

Le problème est de n’en choisir qu’un ! J’ai beaucoup de livres de chevet parmi lesquels des classiques que l’on prend plaisir à retrouver même longtemps après la première lecture, mais aussi des romans absolument magnifiques et qui marquent des étapes dans une vie de lectrice.

Mais je préfère évoquer celui que j’ai le plus consulté au cours de la dernière année écoulée. Il s’agit d’ailleurs une bonne définition du livre de chevet: un ouvrage qui ne nous quitte pas vraiment, qui continue de nous habiter, que l’on tient à portée de main, comme pour y trouver des réponses, comme une parenthèse que l’on s’offre au cœur de la tourmente ou du quotidien, comme une respiration.

Et ce livre, c’est Enfin le royaume de François Cheng.

A quel moment l’avez-vous lu ? 

Ce recueil est sorti au printemps dernier, mais il semble avoir mille ans, tant la sagesse contenue, l’émotion distillée et l’expérience relatée y sont universelles et intemporelles.

Je l’ai lu à un moment où j’avais besoin de croire encore que la vie avait un sens, alors que je me sentais épuisée et fracassée par un deuil.

Parfois, souvent même, la littérature a ce don d’insuffler à son lecteur une force nouvelle.

Les livres ne sont pas juste des mots posés sur du papier. Ceci est particulièrement vrai pour la poésie.

Pourquoi ce livre vous a-t-il marquée ? 

Sa forme est singulière : il s’agit d’un recueil de quatrains, et cette exigence condense le propos en des formules brèves et intenses.

Ces poèmes sont autant de traits fulgurants de l’esprit de son auteur, ils touchent en plein cœur le lecteur.

Francois Cheng y aborde entre autres les thèmes du deuil et de l’absence : ces thèmes ont trouvé un écho en moi. J’aurais été incapable de lire des pages interminables sur le sujet, alors qu’un quatrain, dans son incroyable densité, contient l’essentiel.

« Et puis, un jour, tu affrontas la souffrance, 

T’éloignas, laissas derrière toi la béance.

Nos jours ne sont plus qu’un jardin délaissé,

Parfois, tu souris là, au bout de l’allée. »

Quand je lis ce quatrain, je sais que je partage un certain savoir douloureux avec l’auteur. Le lire pose la réalité clairement tout en la transcendant par les mots.

Quelles sensations cet ouvrage a-t-il réveillées chez vous ?

Il m’émeut, il me rassure, il m’ouvre des abîmes de méditation. Mais il célèbre aussi et surtout la nature et la vie, il nous enjoint à ressentir le monde pleinement, à habiter le moment présent.

« Sois prêt à accueillir 

        tout instant qui advient :

Sente gorgée de soleil,

        Grisée de lune, clairière. »

C’est un livre essentiel. Il révèle une forme de vérité dans le regard qu’il pose sur le monde.

L’avez vous-lu plusieurs fois ?

Je l’ai lu en effet plusieurs fois, dans l’ordre puis dans le désordre, à différentes saisons, habitée d’humeurs variées, et, à chaque fois, ce fut un enchantement ou une révélation.

On peut ne lire qu’un quatrain tout comme on peut en lire dix à la suite, on en ressort toujours un peu transformé, un peu plus attentif à ce qui nous entoure, un peu plus conscient.

A qui l’avez-vous prêté ?

On ne prête pas un livre de chevet… C’est un peu comme le prolongement de soi… et le céder à quelqu’un serait perdre l’équilibre.

Mais je l’ai conseillé plus d’une fois, et même offert à un ami habité d’une grande souffrance psychologique, espérant qu’il pourrait y trouver une sorte de bouée de sauvetage, faite de mots, d’images, de métaphores.

Quel adjectif utiliseriez-vous pour qualifier ce livre ?

Fulgurant.

Le lire, c’est comme toucher du doigt la Beauté.

Quelle question auriez-vous souhaité poser à son auteur ?

Je voudrais juste le remercier.

C’est d’une grande banalité mais si un livre est capable de sauver un seul lecteur d’une grande douleur, alors il a rempli sa mission au-delà de ce que l’on pouvait attendre.

Et à son éditeur ?

Quelle chance de compter un écrivain d’une telle envergure parmi les auteurs que l’on publie ! Je lui dirais juste : bravo ! 

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