Elle collectionne les livres, en a « des milliers » et assure pouvoir vivre « de lecture et d’eau fraîche ». Amatrice avant tout de romans classiques, Aurélie s’évertue à découvrir des plumes contemporaines dont elle chronique les textes sur son blog, Aure Livres 57, ainsi que sur son compte Instagram.

Quel est votre livre de chevet par excellence ?
J’aurais pu vous parler de mon amour pour la poésie avec le recueil de Victor Hugo Les Contemplations qui me transporte et que je relis très souvent, ou de mon côté enfantin (pour ne pas dire adulte nostalgique !) avec Les Malheurs de Sophie de la Comtesse de Ségur. Mais, si je ne devais laisser qu’un livre sur mon chevet, de toute évidence, ce serait bien Les mots de Jean-Paul Sartre.
A quel moment l’avez-vous lu ?
Je l’ai lu pour la première fois adolescente, une période où j’étais malheureusement fermée à toute forme de ressenti artistique ou littéraire. Puis, il est tombé dans l’oubli de ma bibliothèque durant une quinzaine d’années…Je l’ai relu l’année dernière, et là il y a eu un déclic, une évidence. C’était le bon livre, au bon moment. Une relecture qui s’est finalement muée en réelle découverte.

Pourquoi vous a-t-il marquée ?
Tout comme Sartre, je voue une passion aux mots et aux livres. « J’ai commencé ma vie comme je la finirai sans doute : au milieu des livres » disait Sartre. Et c’est justement ce qui définit ma vie jusqu’à présent : des livres tout le temps et partout, un besoin vital de lire et d’écrire, de contempler ces objets de papier devenus si sacrés. Des livres élevés à l’état de religion comme chez Sartre. Et comme l’appartement du grand-père Schweitzer, mon logement a des airs de bibliothèque !
Quelles sensations a-t-il réveillées chez vous ?
Il a réveillé des souvenirs d’enfance, des sensations de déjà-vécu, de déjà-vu, comme si ses mots étaient les miens, comme si, tel un miroir, des images de mon passé se superposaient sur le texte de Sartre. Les livres étaient son refuge, Sartre était un enfant solitaire qui n’avait d’autre choix que de s’immerger dans la bibliothèque de son grand-père et vivre dans le monde imaginaire de la littérature.
Dans mon enfance, c’est différent car je n’étais pas seule, ma sœur était très présente, mais j’avais très souvent besoin de m’isoler avec mes livres. Je les étalais sur mon lit et les contemplais, les touchais, passais des heures à les dévorer.
C’est dès l’enfance que le rapport au livre se créé. Pour Sartre, ce rapport aux mots était presque imposé, il en jouait pour faire plaisir à sa famille, puis il a finalement voué sa vie à l’écriture. On ne peut définitivement pas feindre l’amour des lettres.
Avez-vous lu ce livre plusieurs fois ?
Oui et je compte bien le relire encore et encore, pour m’imprégner de la plume et du talent de ce grand écrivain.
A qui l’avez-vous prêté ?
Je ne prête jamais mes livres ! J’y tiens comme à la prunelle de mes yeux, et les quelques chanceux pour qui j’ai fait exception se comptent sur les doigts de la main. Mais, j’aimerais faire découvrir cet ouvrage à mes enfants lorsqu’ils seront en âge de l’apprécier.
Quel adjectif utiliseriez-vous pour qualifier ce livre ?
Passionnant car passionné.
Quelle question auriez-vous souhaité poser à son auteur ?
Pourquoi cette autobiographie, magnifique hommage à l’amour des mots, se définit-elle surtout comme un adieu à la littérature ?